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Quand les familles sans toit sont entrées dans les maisons fermées
J’étais prêt à vivre vraiment seul, en achetant ici.
Il aurait fallu être fou d’espérer y rencontrer une femme compatible, désirée et en plus agitée de sentiments similaires.
Quant à la possibilité de rencontrer une femme plus loin, à Cahors, Fumel, Montauban ou Agen, ça ne pouvait être qu’une rencontre éphémère, sexuelle ou passionnée ; je savais ne plus jamais rouler régulièrement des heures simplement pour un contact physique. Même cela ne m’intéressait plus.
J’avais la conviction d’avoir tiré un trait sur une activité dérisoire, l’ersatz d’amour, mes années d’errances après « les trois déesses ».
Pensant à Marjorie, Christine et Anna comme des exceptions sur Terre, je me considérais même vraiment sans la moindre raison de me plaindre :
j’avais au moins vécu cela, plusieurs vies ; même si je n’arrivais toujours pas à comprendre comment ces trois histoires avaient pu aussi rapidement foirer. Rien compris, mais quel bonheur !
Un raisonnement m’était venu et me convenait :
quand on a vraiment aimé, imaginer c’est nettement suffisant.
A travers bois, trois cents mètres séparaient nos maisons. Par la route, deux kilomètres.
Intenable. Mes raisonnements de petit intellectuel prenaient l’eau (...)
C’est bien « la sensation d’amour », sensation dont j’ai pris conscience après la rupture avec Anna, pour distinguer l’Amour et son ersatz.
Une fois par quinzaine environ, Olivier partait le matin en voiture et systématiquement revenait tard le soir.
Pour gagner la route départementale, il devait aussi passer devant chez moi. J’avais installé un fauteuil devant la fenêtre de ma chambre, et chaque jour restais là, à lire, relevant la tête au moindre bruit de moteur (c’était donc rare).
Elle sonnait et je la rappelais. Plus besoin de surveiller les passages de la 205. Mais elle refusait que l’on se voit. Je croyais avoir le temps : j’étais persuadé qu’avec le temps notre amour triompherait. Je me référais aux pièces du théâtre classique où l’interdiction scelle définitivement l’amour.
Elle aussi, souhaitait une vie tranquille.
[En fermant les yeux, j’entends encore, comme si tu étais dans la salle de bains et me répétais
‘la tranquillité est une belle chose’, ainsi pensait déjà Périandre, mort en 587 avant la version officielle de votre Jésus Christ]
Troisième visite du notaire. Il a reçu « d’excellentes propositions » pour ma « propriété ».
- Je vous l’ai déjà dit, je ne suis pas vendeur.
- Vous devriez y réfléchir. C’est pour vous l’occasion de réaliser une superbe affaire. Vous seriez riche.
Il faut comprendre, c’était la troisième fois... :
- Devenir riche comme vous, pour en faire quoi ? Vous en faites quoi de votre fric ? Vous croyez qu’on vous dressera un cercueil en or ?
Je ne suis pas venu ici pour réaliser une « excellente affaire » ; devenir riche ne m’a jamais titillé. Je suis venu ici pour vivre tranquille.
Vivre tranquille ! Simplement vivre ! Est-ce si difficile à comprendre ? Est-ce inacceptable ? Est-ce trop souhaiter ?
Il « sollicite » d’autres propriétaires, dans une course effrénée à la commission, ou suis-je visé ? Je sentais, même avant ce « clash », dans de nombreux regards, l’hostilité à ma présence. Il faut les comprendre, je ne suis même pas chasseur et ne vais jamais à leurs soirées paella...
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L'écrivain versant Résilience... celui qui donne des clés de l'enfance
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Exemple dans le roman
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Ils ne sont pas intervenus (le livre des conséquences)
Il ressentait, dans ces circonstances, la différence entre le bouseux et l’homme instruit.
Comme je maudis parfois encore le fossé entre moi et les femmes auréolées d’une « bonne éducation. »
Avec les hommes, naturellement, je peux tricher, les relations restent superficielles.
Mais face à face... au-delà du bleu de mes yeux... je me sens parfois un balourd.
J’ai aimé une femme espagnole, d’une « grande famille », la petite fille d’un ministre de la deuxième République, d’avant la dictature, déjà rencontrée sur acommeamour.com.
Elle m’a aimé follement aussi, quand nous échangions des mails, avec son français approximatif.
« Tu es dans ma tête... » Elle m’a aimé follement aussi à Moissac, notre premier jour.
Notre premier soir. Nous avions atteint la communion par ressenti même quand des centaines de kilomètres nous séparaient, comme je l’ai connue pour la première fois avec Karine. Elle était distinguée, gracieuse. Pas moi. « Je ne suis pas une femme pour toi » elle a conclu par mail... Euphémisme correct pour « tu n’es pas un homme pour moi. » Je sais qu’elle cherchera toute sa vie, chez « les distingués », ce quelque chose de différent trouvé en moi, mais qui ne fut pas suffisant. Quand elle atteindra... un certain âge... et qu’elle regardera sa vie de femme lumineuse... il se pourrait bien qu’elle divinise notre Amour. Ce n’est pas une consolation. Nos semaines sont notre secret.
Même si j’en suis mentalement sorti, mon enfance a laissé des traces, stigmates imperceptibles prétendraient certains qui me connaissent « bien »... sauf pour la Femme qui t’Aime et a la délicatesse de partir sur la pointe des pieds, même si elle pleure aussi durant des semaines et qu’un lien perdure alors. Elle sait qu’il lui suffit d’un mot mais elle ne peut pas le prononcer. Un blocage en elle. Alors nous nous éloignons. Cet Amour m’a naturellement changé... Elle ignorait ma grande capacité de transformation... j’ai gardé un peu de sa grâce... j’ai « toujours » su qu’il me faut rester attentif aux critiques et réactions pour progresser vraiment... en tout... Nous sommes aussi la somme de nos influences... « princesse » tu m’as élevé...
tu aurais pu faire nettement plus... et surtout vivre ce Bonheur souhaité...
Fanny m’écrit alors : « tu accordes trop d’importance au couple, à l’amour, au coup de foudre. Tu es trop romantique. Tu n’es pas réaliste... » C’est sûrement une conséquence fut ma première réaction... mais j’ai tenu à lui préciser : ce n’était pas un coup de foudre. Mais une osmose intellectuelle avec une très grande estime réciproque pour le travail et la voie spirituelle. Nous étions dans une démarche de PARTAGE, de sérénité partagée. Mais il arrive un moment où intervient une dimension physique. Nous sommes aussi matière. Et comme l’a chanté Jacques Brel : elle est belle et je ne suis pas beau. Je crois en l’Amour, au couple. Les gens se mettent en situation de ne plus pouvoir PARTAGER. Elle a quitté Madrid à cause de cette vitesse.
Et elle m’a quitté, simplement. Bien sûr j’étais aussi amoureux de son apparence et je comprends l’importance qu’elle accorda à la mienne. Même si la dimension spirituelle fut la base de notre union. Elle n’était donc pas LA Femme avec qui la sérénité pourra être partagé. Toi aussi tu es belle, Fanny... et j’ai vieilli... le temps semble l’avoir épargnée...
Je me sens encore mal à l’aise avec une foule : je sais qu’à l’intérieur rôdent forcément quelques types comme lui. Je sais aussi comment une foule se manipule et pourrait se jeter sur un être différent. Je reste « un être différent. » C’est à vie, ça. On peut guérir de cette enfance mais la route nous éloigne alors définitivement des humains à la dérive. J’ai cherché ma voie. C’est peut-être une chance, quand on l’assume, quand on évite ensuite de prendre une lanterne pour le Soleil.
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